Sans jurys ni récompenses ! L’aventure du « Salon des Indépendants » Seurat, Signac et leurs amis, 1884-1914
Gilles Genty
Historien de l’Art, ancien chargé de cours à l’École du Louvre et chargé de mission au musée des Monuments français, spécialiste des peintres Nabis, mouvement artistique postimpressionniste, commissaire d’expositions sur cette période, il ,est l’auteur du catalogue raisonné Paul Ranson (1861-1909) et des dessins de Georges Lacombe (1868-1916).
Dans le bouillon de culture qu’est le Paris des années 1890, de jeunes artistes désirent s’affranchir de l’Impressionnisme en donnant des bases plus scientifiques à leur peinture. Pour obtenir une plus grande luminosité et éclat chromatique de leurs toiles, ils étudient les travaux des physiciens Chevreul, Rood et Helmholtz, travaillent en des touches pointillées, prônent la division des tons : le Néo-impressionnisme était né ! Refusés au Salon officiel, dissidents de l’impressionnisme historique, il leur faut toutefois exposer. Signac et ses amis créeent en 1884 le Salon des Artistes Indépendants dont le principe sera : sans jurys ni récompenses ! Tandis que Seurat expérimente la « Loi du contraste simultané », Signac numérote ses toiles en « opus », comme s’il s’agissait de compositions musicales. Ils sont bientôt soutenus par des poètes symbolistes et par des critiques d’art à l’esprit libre tel le génial Félix Fénéon, qui fut également secrétaire de rédaction de la fameuse Revue Blanche des frères Natanson. Souvent anarchistes, ils ambitionnent aussi de renouveler la société par l’art, en traitant de la misère ouvrière mais aussi en diffusant leurs œuvres au moyen de l’estampe. Creuset du Néo-impressionnisme français, les Indépendants accueillirent aussi des artistes venus de toute l’Europe ; le suisse Vallotton y expose des gravures sur bois mordantes, Kandinsky et Gabrielle Munter leurs œuvres expressionnistes. Même Casimir Malevitch et Modigliani y participèrent ! Toute une aventure à redécouvrir !