L’art et la manière : dessins d’architectes du Grand Siècle
Alexandre Gady
Professeur d’histoire de l’art moderne, université Paris-Sorbonne
Alexandre Gady occupe la chaire d’histoire de l’architecture moderne. .Spécialiste de l’architecture et de l’urbanisme en France à l’âge moderne, il est engagé dans la défense du patrimoine architectural, et il est Président de l’association S.P.P.E.F ( Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France). Il est auteur de plusieurs ouvrages : « Jules Hadouin Mansart » en 2008, « Les Hôtels particuliers de Paris du Moyen age à la belle époque » éditions Parigramme, et en 2011 aux éditions Le Passage, « Versailles La Fabrique d’un chef d’œuvre
La mise en scène est une des grandes préoccupations de l’époque, parce qu’elle va de pair avec la rhétorique. Elle en prépare en quelque sorte les opérations et les succès. Pour Paris, la date clef est 1631. L’architecture sous le règne de Louis XIV est une architecture savante et pleine d’unité. Les progrès réalisés en architecture à cette époque sont liés d’une part à la création de l’Académie d’architecture et d’autre part à la publication des principaux édifices antiques de Rome. Puis les génies de l’architecture vont œuvrer durant tout le Grand Siècle. François Mansart dont l’immense mérite fut d’avoir infusé au bon moment une dose inédite d’imagination dans l’art de bâtir avec une franchise et une hardiesse de conception, deux de ces éléments ont changé le cours des choses. C’est l’architecte Jules Hardouin-Mansart qui est l’auteur des plus célèbres réalisations architecturales du règne. Il incarne le classicisme français de la fin du XVIIème siècle et c’est sous sa direction que s’élèvent le château de Versailles et l’Eglise des Invalides. La façade nord de l’Hôtel des Invalides (1675) est une parfaite illustration du style classique français. L’architecte, Libéral Bruant, puise son inspiration dans l’art antique dont il retient le sens des proportions, les compositions symétriques et équilibrées, les lignes simples et sobres. Quant à Louis Le Vau, plus apte à entrainer une clientèle aristocratique, son savoir-faire a orienté presque toutes les constructions remarquables de la période. Premier grand architecte du Versailles de Louis XIV, Le Vau est l’auteur des Grands Appartements du Roi et de la Reine ainsi que de la façade de pierre blanche côté jardin, dénommée « Enveloppe de Le Vau ». Versailles fut assurément la dernière réalisation majeure de ce grand architecte du milieu du XVIIe siècle. À l’esthétique française des toits en ardoise côté cour, Le Vau privilégie l’esthétique italienne d’une couverture invisible derrière une balustrade ornée de trophées et de pots-à-feu.