Ill. : Diego Velasquez, Les Ménines, détail

De l’expression du temps dans la peinture baroque espagnole à l’expression plastique de la quatrième dimension

Pascal Torres

Conservateur en chef au musée du Louvre. Conservateur au château de Versailles de 1996 à 2000, Pascal Torres est aujourd’hui conservateur en chef au musée du Louvre. Il est également membre de la Real Academia de Bellas Artes de San Luis de Saragosse. Essayiste et romancier, il est auteur notamment de « La peinture en Espagne du XVe au XXe siècle ».

 

Le Baroque est un style qui, au cours du XVIIe siècle et sur une bonne partie du XVIIIe, pratique un langage spécifique et complexe, offrant diverses solutions esthétiques. Si l’Espagne adopte les concepts idéologiques et esthétiques de la peinture et de l’architecture des autres pays d’Europe et de l’Italie, en particulier, elle n’en propose pas moins des rapports d’une grande originalité.

L’art Baroque en Espagne couvre une longue période qui englobe tout le XVIIe siècle jusqu’en 1752, date de la fondation de la Real Academia de san Fernando à Madrid et point de départ d’un art académique modéré qui combattra les excès de frivolités et les surcharges du dernier Baroque. L’art torturé qui caractérise la production commandée par les ordres religieux cherche à traduire la misère et la violence de l’esprit hispanique et illustre l’âge d’or du baroque en Espagne.

Les artistes s’expriment de diverses manières. L’utilisation que fait Zurbaran, contemporain de Vélasquez, de la lumière pour représenter les moines et les religieux contraste, par l’intemporalité recherchée, avec son goût pour les natures mortes qui évoquent un quotidien idéalisé, alors que Murillo, si andalou d’esprit, peint ses toiles avec une excessive facilité. Vélasquez, portraitiste de la cour de Philippe IV (1621-1665), des bouffons et des courtisans, acquiert une renommée internationale. Les « Ménines » est peut-être le tableau le plus universel de l’art espagnol. On y admire la lumière, la composition et l’ambiguïté de sa conception. Mais la rupture la plus radicale viendra de Goya, artiste génial qui pratique une autre manière de peindre qui mène en ligne directe à l’art du futur.

DATE

28/09/2018

Lieu

Bordeaux Athénée amphithéâtre Wrésinski

Durée

18H - 1H15

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