Degas : le Nu moderne
Jacqueline Lichtenstein
Professeur émérite de philosophie de l’art, université Paris Sorbonne, elle a publié plusieurs ouvrages : « La couleur éloquente », chez Flammarion en 1989, « La tâche aveugle » qui est un essai sur les relations de la peinture et de la sculpture à l’âge moderne, paru en 2003 chez Flammarion, elle a aussi rédigé, en partenariat avec Christian Michel, un vaste ensemble de « Conférences de l’Académie royale de peinture et de sculpture » dont l’édition complète comprend dix volumes.
Issu d’une famille aisée, élève brillant, Degas se tourne vers la carrière artistique. Ce n’est qu’en 1855, qu’il est admis à l’École des Beaux-arts où il apprend son art en recopiant les tableaux des grands maitres ainsi que l’art du nu qui était alors considéré comme l’un des plus difficiles. Peintre et sculpteur, surtout célèbre pour ses danseuses, ses courses de chevaux, ses scènes de genre et ses portraits, les nus vont occuper une place essentielle tout au long de sa carrière d’artiste. Durant 50 ans, il se consacre à transformer l’art du nu et le placer dans diverses situations. « Il faut refaire dix fois, cent fois le même sujet », disait-il et n’hésite pas à reprendre le même thème comme le Petit-déjeuner à la sortie du bain. Il ne cherche pas à représenter à proprement parler une personne car ses nus sont souvent vus de dos. Ce qui l’intéresse ce sont la recherche du mouvement et de nouvelles formes d’expression que donne à voir le corps humain. Il adopte parfois des cadrages très serrés et ses nus en des poses très inhabituelles sont le plus souvent représentées dans la plus stricte intimité. Ses silhouettes ne sont pas idéalisées, il n’hésite pas à les représenter dans leur réalité.