Le trésor comme vérité invraisemblable : l’exemple du Cheapside Hoard (fin XVIe-début XVIIe siècle)
Léonard Pouy
Léonard Pouy est professeur d’histoire de l’art. Ecole des arts joailliers et de la maison Van Cleef et Arpels.
Docteur en histoire de l’art, universités Paris-Sorbonne et de Genève, le sujet de sa thèse porte sur “Luctor et emergo”. Développement et réception de la scène de corps de garde dans la peinture néerlandaise du XVIIe siècle. Il a récemment été commissaire de l’exposition « Marchands de perles, » dont il a rédigé le catalogue. Ses recherches actuelles portent entre autres sur l’histoire des Joyaux de la Couronne française.
Près de trois siècles durant, un trésor enfoui contenant près de 500 bijoux et pierres précieuses est resté intact sous l’une des rues les plus fréquentées de Londres, non loin de la cathédrale Saint-Paul, à Cheapside, soit l’ancienne artère principale de la ville, à la fois lieu d’apparat et cœur battant du quartier des orfèvres. Découvert fortuitement par des ouvriers le 18 juin 1912, le Cheapside Hoard s’avère être la plus importante collection de bijoux élisabéthains et Stuart au monde et la principale source d’informations concernant cette période. Témoignant fidèlement d’un goût contemporain, ce trésor nous renseigne en outre sur la pratique commerciale des bijoutiers, éclairant notamment les échanges internationaux de pierres précieuses à une époque de conquête et d’exploration. Véritable capsule temporelle préservée de tout a priori ou préjugé historique, le Cheapside Hoard forme un objet d’étude fascinant, au-delà même du bouleversement historiographique qu’il provoque.