La statue et le territoire. Les monuments publics aux rois de France de Henri IV à la Révolution
Etienne Jollet
Professeur d’histoire de l’art moderne, université Paris 1, il a publié plusieurs ouvrages sur l’art français des XVIIe et XVIIIe siècles, avec un intérêt spécifique pour la peinture de genre, Watteau, Chardin. Il s’est intéressé sur la la relation qui existe entre l’art et les savoirs mais aussi sur le lien entre art et pouvoir, comme dans Jean et François Clouet (1997), ouvrage qu’il a dirigé sur Les images du monument de la Renaissance à nos jours (2012) ou celui qui sera le thème de la conférence : La statue et le territoire. Les monuments publics des rois de France de Henri IV à la Révolution.
De Henri IV à Louis XVI, du début du XVIIe siècle aux premiers temps de la Révolution, les rois de France ont été honorés par des monuments érigés dans l’espace public, en Paris comme en province. On se propose d’étudier ces réalisations, mais aussi les très nombreux projets non aboutis, en tant qu’ils permettent d’aborder la question, aujourd’hui encore si importante, de la visibilité du pouvoir. Le « régime médiatique » s’est certes accentué avec les mass-médias, mais la période moderne connaît également ces jeux avec l’image du « prince ». Cependant, on ne s’intéressera pas seulement à l’effigie royale, mais aussi à tout ce qui en constitue le « fond »- une notion qui dit à la fois, et c’est son grand intérêt, un espace et une cause, une topographie et une légitimation du pouvoir : ainsi l’arrière-plan visuel (la place royale notamment) mais aussi le support (le piédestal) participe-t-il de l’effet visuel produit par le monument, mais ils constituent aussi ce qui « fonde » le pouvoir du roi : la place de la Bourse à Bordeaux (autrefois « place Royale »), qui sera tout spécialement étudiée, en est un bon exemple. On s’intéressera aussi aux divers « monuments du monument », ces représentations mobiles que sont les descriptions, les gravures, les médailles qui permettent la circulation de l’image de celui-ci. Enfin, on montrera comment au XVIIIe siècle une défiance croissante vis-à-vis et du roi et de son image suscite la mise en valeur non plus de l’effigie royale mais du fond, au double sens d’arrière-plan et de fondement du pouvoir, que constitue une nouvelle entité : le sol de la Nation.