Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), le peintre de l’enfance

Mickaël Szanto

Mickaël Szanto, ancien pensionnaire à la Villa Médicis, est maître de conférences en histoire de l’art à l’université Paris Sorbonne. Spécialiste de la peinture française du XVIIe siècle, il s’intéresse à l’ensemble des pratiques sociales (statut de l’artiste, échanges marchands, collections et discours sur les arts) qui entourent la peinture dans la France d’Ancien Régime. Il a publié chez Droz, en 2008, un essai sur la première exposition d’art ancien et moderne présentée en France : « Le dessin ou la couleur ? Une exposition de peinture sous le règne de Louis XIV ». Plus récemment il a été co-commissaire de l’exposition « Poussin et Dieu » au musée du Louvre en 2015 ainsi que de celle « Poussin et l’amour » au musée des Beaux-Arts de Lyon en 2022.

Aucun artiste plus que Greuze n’a représenté autant de portraits d’enfant : à commencer par ses propres enfants, ceux d’amis intimes, ceux de ses mécènes, mais aussi nombre d’enfants inconnus, à la fois uniques par la finesse de la restitution psychologique et universels par la profondeur des sentiments qu’ils traduisent. Mais au-delà de ces visages de l’enfance et en écho aux préoccupations qui occupent les philosophes (Diderot, Rousseau, Condorcet), Greuze engage par des mises en scène de la famille – familles aimantes ou familles déchirées – une réflexion plus vaste sur la place des enfants dans la société et l’enjeu crucial de leur éducation. Non sans audace et de manière presque révolutionnaire, Greuze, peintre de genre, hissait cette peinture du quotidien au rang de tableaux d’histoire.