Goya et l’invention de la modernité, des peintures noires aux « Disparates »
Pascal Torres
Conservateur du patrimoine au musée du Louvre
Conservateur du patrimoine, historien d’art, essayiste et romancier, il est conservateur au département des Arts graphiques du musée du Louvre, Responsable du fonds d’estampes de la collection Edmond de Rothschild et de la chalcographie du Louvre, il dirige, dans le cadre d’une coédition Musée du Louvre/Éditions Le Passage, une collection d’essais autour du fonds Edmond de Rothschild.
Les Disparates, appelées aussi Proverbios, sont une série de gravures exécutées par Francisco de Goya entre 1815 et 1823. Cette série en regroupe vingt deux réalisées à l’aquatinte et eau-forte : les visions oniriques, la présence de la violence, du sexe et la ridiculisation des institutions, sont toutefois des images difficiles à interpréter. Par contre elles offrent un monde imaginatif et riche sur la nuit, le carnaval ou le grotesque. Restée inédite jusqu’en 1864, la série des « Disparates » est parue sous le titre « Proverbios ». Les noms donnés à chacune des gravures ne sont que des proverbes espagnols. Sur seulement 14 épreuves, les titres sont écrits à la main par Goya et commencent par le mot « Disparate ».
Ces dernières gravures, qu’il aura soin de cacher en Espagne avant de s’exiler à Bordeaux, font suite, sans pour autant qu’il y ait de liens évidents, à la série intitulée « Les Désastres de la guerre » et la série « La Tauromaquia ». Elle inaugure une période sombre dans le choix des motifs exprimés par le peintre, comme en témoignent certaines de ses dernières toiles intitulées « Pinturas negras ».