Des Bourgeois de Calais à la statue de Balzac : Rodin et les monuments publics
François Blanchetière
François Blanchetière est conservateur en chef du patrimoine au musée d’Orsay depuis 2020, après avoir passé onze ans au musée Rodin (2005-2016) et trois ans au musée des Beaux-Arts de Tours (2017-2019). Spécialiste de la sculpture française du XIXe siècle, et de Rodin en particulier, il a été commissaire ou co-commissaire de plusieurs expositions : “Corps et décors. Rodin et les arts décoratifs” (2009), “Rodin. La chair, le marbre” (2012), “L’Enfer selon Rodin” (2016) ou encore “Monumental Balzac. Petite histoire des monuments au grand écrivain” (Tours, 2019).
Comme tous les grands sculpteurs de son temps, Auguste Rodin (1840-1917) s’est essayé au prestigieux exercice du monument public, en une époque qui a vu la multiplication des statues célébrant les grands hommes. A travers l’examen d’un certain nombre d’entre eux, des Bourgeois de Calais au grand Penseur en passant par le Balzac, on verra à la fois comment Rodin s’inscrit dans la logique de la “statuomanie” typique de la Troisième République, et comment la puissance de son génie le place un peu en dehors de ce courant, au risque de susciter l’incompréhension et parfois le scandale. Les monuments publics répondent à des nécessités particulières, encore largement valables aujourd’hui, et un chef-d’œuvre ne constitue pas nécessairement un monument approprié !