GREUZE (Jean-Baptiste), 1725-1805

Tête de jeune femme, dite l’Inconsolable

v.1785
Huile sur toile,
45,7 x 37,5 cm
Provenance : collection du marquis de Vaudreuil.

 

Acquis en mars 2014 par la Société des Amis du musée des Beaux-Arts, galerie Etienne Breton, Paris, 77.000 euros.
Don au musée des Beaux-Arts de Bordeaux la même année.

 

La Société des Amis des Musées de Bordeaux a offert au musée des Beaux-Arts un tableau de Jean-Baptiste Greuze, L’Inconsolable, huile sur toile 45,7×37,5 cm, provenant de la collection du comte de Vaudreuil. Acquisition auprès d’une galerie parisienne, le 10 mars 2014.

 

Nous remercions nos mécènes qui, par leurs dons, ont permis cette acquisition.

 

Ce tableau a été gravé par Antoine-Achille Bourgeois de La Richardière et un exemplaire de la gravure est conservé à la Bibliothèque nationale de France.  Ce tableau figure dans le Catalogue Raisonné de J. Masson, Paris, 1908, p.48, n°727. De même, il a été répertorié par Camille Mauclair, sous le n°727 dans l’Edition d’Art, H. Piazza et Cie, Paris. Il existe aussi un dessin préparatoire à cette œuvre, sanguine et pierre noire, 43,8×31,8 cm, dans la collection Douglas Gordon, aujourd’hui conservé au musée de Baltimore.

 

Dans les années 1765-1769, Greuze s’était déjà exercé à plusieurs reprises à la peinture d’histoire. Pour sa réception à l’Académie, le choix de l’artiste dirigé vers un sujet à la fois noble et rare, tiré de l’antiquité, montrait assez clairement qu’il briguait l’honneur d’être reçu en tant que peintre d’histoire. Or quand il apprit que c’était en qualité de peintre de genre  qu’il serait reconnu par l’Académie sa déception fut amère et il le prit comme un véritable affront.

 

Par la suite, il orienta sa production autour de la représentation de têtes allant même jusqu’à les isoler littéralement, en faisant ainsi des têtes peintes détachées de tout contexte déterminé. Cette pratique correspondait à une volonté de faire de la tête expressive, un emblème, qui à lui seul, visait à résumer toute une histoire. Ainsi que l’écrivait Yuriko Jackall, spécialiste de cette période, ces têtes d’expression constituent la partie de l’œuvre de Greuze la moins comprise.

 

Elles portent en quelque sorte les expériences expressives de Greuze à leur summum, en raison des expressions douces et particulièrement propices à l’interprétation qu’elles représentent, ce sont les têtes féminines qui s’insèrent dans de nombreux récits picturaux et ce, au gré de l’imagination des spectateurs. Son apport dans le domaine de la tête isolée fut marquant. Le savoir-faire de Greuze contribua en effet à insuffler à la tête isolée un puissant élan vers son statut d’œuvre autonome, ce qui rendit ce genre accessible à tout un ensemble de collectionneurs dont l’engouement était manifeste.

 

Yuriko Jackall, conservateur au département de peintures du XVIIIe siècle de la National Galery of Art de Washington et auteur d’une thèse consacrée aux « Portraits d’expression » de Jean-Baptiste Greuze, à l’université de Lyon II,  indique dans son travail que “Greuze s’était engagé dans ces pratiques qui correspondaient à une volonté de faire de la tête expressive, un emblème qui a lui seul visait à résumer toute une histoire… Cette partie de l’œuvre, qui demeure la moins bien comprise de l’artiste, exige donc une étude.”, ce qu’elle fit au cours de son travail de recherche.