L’apothéose de la sculpture française à Rome : Pierre Legros (1666-1719), le talent en exil
Pascal Julien
Professeur émérite d’histoire de l’art moderne, Université de Toulouse-Jean-Jaurès Sculpture. Architecture. Matériaux, techniques, métiers. Spécialiste de la sculpture du XVIe au XVIIIe siècle, il a notamment publié D’ors et de prières. Art et dévotions à Saint-Sernin de Toulouse, XVIe-XVIIIe siècles (PUP, 2004), et est le commissaire scientifique de l’exposition Toulouse Renaissance (Musée des Augustins).
Durant des siècles, la plupart des meilleurs artistes d’Europe sont allés en Italie pour y découvrir l’Antiquité et les grands maîtres de la Renaissance. Ce fut le cas pour de nombreux sculpteurs français au premier rang desquels se distingue Pierre Legros, dit le Jeune (1666-1719). Ayant obtenu en 1686 le prestigieux prix de l’Académie royale de peinture et de sculpture, il se rend à Rome où il mène jusque à sa mort une carrière hors du commun. Durant plus d’une vingtaine d’années en effet, il donne chef-d’œuvre sur chef d’œuvre et devient le plus important sculpteur de son temps. Il est pourtant un grand oublié de l’Histoire, car les Français ne lui ont pas pardonné d’avoir quitté le service du roi et pour les Italiens il a eu pour défaut d’être Français ! Entre grâce et puissance, l’art de ce sculpteur méconnu nous invite à une promenade aussi inédite que spectaculaire dans la Rome de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle.